38 témoins / Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

Hier soir, je suis allée voir le dernier film de Lucas Belvaux, 38 témoins, adapté d'un fait divers.

Dans la vraie vie (!!) relatée et légèrement romancée par Didier Decoin, nous sommes en 1964 à New-York, une jeune femme rentre chez elle en pleine nuit. Un homme l'agresse et lui tire 2 coups de revolver dans le dos. Elle crie, s'écroule et crie de nouveau. 38 personnes entendent ses appels à l'aide, un seul "bouge" : il ouvre sa fenêtre et demande à l'agresseur de laisser la fille tranquille.

L'homme part en courant, la fille recommence à crier, à demander de l'aide...

Personne ne bouge.

L'agresseur revient alors, la viole, lui tire de nouveau dessus et s'en va !

La femme meurt de ses blessures.

Fin de l'histoire.

Dans le film de Lucas Belvaux, pas de coup de revolver, des coups de couteau. Pas New-York, mais le Havre.

Contrairement à ce qu'il s'est passé à NY, où les témoins ont raconté en toute franchise qu'ils avaient entendu et même vu la scène (pour info : pas de peine de non-assistance à personne en danger aux USA), au Havre, Lucas Belvaux nous fait vivre le silence des témoins, puis leur culpabilité quand finalement un homme (Yvan Attal) décide de parler.

Le livre et le film sont forts, dérangeants, criant de vérité et remplis de la lâcheté humaine, la nôtre finalement. Et ça, cela fait réfléchir.

Car comme le dit le procureur dans 38 témoins : "1 seul témoin qui se tait, c'est un cas isolé. 38 personnes qui se taisent, c'est un phénomène de société."